" ... On ne peut pourtant prtendre qu'Hippocrate ait t le premier mdecin et qu'avant lui il y eut peine des empiriques. Il est sans exemple qu'un homme, quel que soit son gnie, ait pu crer une science et la rendre telle qu'apparat la mdecine dans les livres dont nous allons parler. Cela n'arrive pas mme pour les dcouvertes les plus simples, qui, pour tre compltes, ont besoin des travaux successifs de plusieurs inventeurs. Il y a longtemps qu'on a dit que les sciences sont plutt filles du temps que du gnie. C'est ce qu'on peut remarquer surtout dans celles o l'observation joue un aussi grand rle que dans la mdecine. Cherchons donc avant tout dans quel tat Hippocrate a trouv les choses. Les travaux de ceux qui l'ont prcd jetteront du jour sur les siens propres. Pour bien dterminer le rang qu'un savant mrite, il faut le rapprocher de ses devanciers, puis mesurer l'influence qu'il a exerce sur ses successeurs. Aucun monument ne constate l'origine de la mdecine. Il ne nous reste aucun des livres publis avant la LXXXe olympiade, et ils taient nombreux, car Hippocrate regrette souvent, comme La Bruyre, que les anciens aient enlev de la science le meilleur et le plus beau, et qu'il ne reste qu' glaner aprs eux. Ces livres d'ailleurs existeraient-ils, qu'ils ne nous apprendraient pas grand'chose, car ce n'taient pas sans doute des histoires de l'art, et l'on en est rduit aux conjectures. Les uns, et Hippocrate est du nombre, ont fait natre la mdecine du besoin que les hommes ont peu peu prouv d'avoir un rgime plus appropri leur nature. L'alimentation tait d'abord mauvaise, peu abondante en principes nutritifs; tous ceux qui avaient une constitution faible prissaient, et le rgime prcda la mdicamentation..."
Paul-Louis-tienne, comte de Rmusat n le 17 novembre 1831 Paris et dcd le 22 janvier 1897 Paris fut un journaliste et crivain franais.