" Les monades de Leibniz ont fait du chemin depuis leur pre. Par diverses voies indpendantes elles se glissent, l'insu des savants eux-mmes, dans le coeur de la science contemporaine. Il est remarquable que toutes les hypothses secondaires impliques dans cette grande hypothse en ce qu'elle a d'essentiel, sinon de leibnizien, sont en train d'tre tablies scientifiquement. Elle implique, en effet, d'abord la rduction une seule de ces deux entits, la matire et l'esprit, confondues dans la seconde, et en mme temps la multiplication prodigieuse des agents tout spirituels du monde. Elle suppose en d'autres termes la discontinuit des lments et l'homognit de leur tre. C'est seulement d'ailleurs cette double condition que l'univers est translucide jusqu'en son fond au regard de l'intelligence. Or, d'une part, force d'avoir t sond mille fois et jug insondable, l'abme sparatif du mouvement et de la conscience, de l'objet et du sujet, de la mcanique et de la logique, a fini par tre rvoqu en doute, rput apparent, enfin ni par les plus hardis qui ont trouv partout de l'cho. D'autre part, les progrs de la chimie nous conduisent l'affirmation de l'atome, la ngation de la continuit matrielle que le caractre continu des manifestations physiques et vivantes de la matire, l'tendue, le mouvement, la croissance, semblait superficiellement rvler. Rien de plus surprenant au fond que la combinaison des substances chimiques en proportions dfinies l'exclusion des proportions intermdiaires. Nulle volution, ici, nulle transition, tout est net, brusque, tranch; et cependant tout ce qu'il y a d'ondoyant, d'harmonieusement gradu dans les phnomnes vient de l, peu prs comme la continuit des nuances serait impossible sans la discontinuit des couleurs... " G. T.
Jean-Gabriel Tarde, n le 12 mars 1843 Sarlat-la-Canda et mort le 12 mai 1904 Paris, est un juriste, sociologue et philosophe franais et l'un des premiers penseurs de la criminologie moderne.